Page images
PDF
EPUB

Les gouvernemens de la fédération européenne désirent sans doute la restauration de la haute considération dont ils ont été en possession; mais comment ce résultat serait-il compatible avec les contradictions habituelles sur les objets les plus graves qui règnent entre les gouvernemens depuis le congrès de Troppau? Tous les Européens assistent au spectacle de ces débats : des publications officielles leur soumettent chaque jour les pièces de ce procès, et les en rendent juges. Ils y trouvent que les chefs des sociétés, ceux dont ils reçoivent eux-mêmes la direction, ne s'entendent pas sur les principes constitutifs des sociétés; qu'on peut les opposer les uns aux autres, et que les bases de l'ordre social sont controversées entre les gouvernemens eux-mêmes. Il est impossible que ce conflit ne produise pas dans l'esprit des spectateurs des dispositions fâcheuses à la fois pour les gouvernemens et pour la société elle-même. L'affaire de l'Amérique est une source principale de ces contradictions; elle ne peut manquer de les étendre et de les aigrir: Il est donc de l'intérêt des gouvernemens de fermer cette porte au principe des contradictions que porte avec elle la discussion de cette affaire. Il faut qu'il y ait une marche commune et uniforme, qui enlève aux détracteurs des gouvernemens jusqu'à leur dernier prétexte, et pour cela il est indispensable que l'on cesse de voir des gouvernemens déclarer illégitime ou licite ce que les autres prononcent être légitime ou bien illicite. Il ne peut y avoir que déchet de considération pour les gouvernemens dans cette opposition sur des points aussi essentiels pour les sociétés.

Voilà les inconvéniens provenant du fond même de l'Europe qui résultent du retard de la reconnaissance de l'Amérique. Voyons ceux qui à leur tour peuvent aussi provenir du côté de l'Amérique. Il se présente d'abord une considération générale, qui est le fruit de ce nouvel état du monde : par lui, chose inouïe dans les annales de l'univers, le monde se trouve partagé en deux parties qui se méconnaissent réciproquement. Fut-il jamais rien de pareil! on veut, à tout prix, par le sacrifice même des libertés publiques, écarter tout ce qui peut porter de l'ébranlement dans les esprits, au moins c'est le prétexte dont on se sert pour les restreindre. Mais cette opposition directe, cette méconnaissance mutuelle des diverses parties de l'univers n'offre-t-elle pas le spectacle le plus propre à produire cette attention inquiète et presque convulsive que l'on veut éteindre? La singularité, la nouveauté de cette scène, l'étendue de l'espace quelle embrasse en elle, tout est excitant, tout est irritant, tout est principe des plus vives émotions. Tel est le résultat de la position générale, reste à voir ce que l'Amérique peut y mettre et y ajouter du sien.

Une nouvelle révolution vient de s'opérer dans cette contrée par la consolidation même de sa révolution. L'Amérique antérieure à

la destruction des forces de l'Espagne et à l'affranchissement de toute crainte de la part de l'Europe, n'est plus l'Amérique du temps de ces terreurs: alors elle combattait et craignait, maintenant elle a triomphé, et se trouve placée au-dessus de toute crainte; il est évident que sa conduite se ressentira de sa nouvelle situation. Elle voudra mettre un terme à un état équivoque qui ne peut que la blesser de mille manières, et sortir d'une position fausse, incompatible avec ses intérêts, sa grandeur et sa force. L'Amérique y emploiera les moyens qui sont en son pouvoir. Sa position est singulière: si l'on ne peut pas lui ravir son indépendance, à son tour elle ne peut pas davantage employer la force directe pour en arracher la reconnaissance. L'Océan à la fois la protège et la borne. Elle ne peut donc agir que d'une manière indirecte. Entre tous les moyens dont elle peut disposer, on en distingue deux principaux: 1° opposer refus de reconnaissance à refus de reconnaissance; ne reconnaître que ceux qui la reconnaîtront. Le moyen est puisé dans le droit : ce que l'un peut, l'autre le peut aussi, surtout dans un ordre négatif, d'où il ne suit aucun acte directement offensif. Si les monarchies de l'Europe croient ne pas devoir reconnaître les républiques de l'Amérique, quel droit interdit à ces républiques de ne pas reconnaître ces monarchies? Les deux actes résultent de part et d'autre d'une volonté libre et égale en droit. Si l'on était tenu de regarder comme illusoire la nouveauté et la singularité de la mesure, qu'on se rappelle le sort du système continental. Lorsqu'il apparut sous les auspices de Napoléon, à son début il en imposa peu, on lui insultait presque : on a vu quels effets il a été à la veille de produire. Si les monarchies se fient sur leurs forces pour se rendre juges et appréciatrices des républiques, pourquoi celles-ci, se sentant appuyées par une force suffisante, n'useraient-elles pas du même droit à l'égard des monarchies ? Celles ci ont l'habitude du commandement, parce qu'en Europe elles sont les plus nombreuses, les plus fortes, et d'un usage général; mais, quand dans d'autres climats, des républiques s'élèvent en force et en nombre, qui peut leur dénier chez elles les droits que les monarchies exercent sur leur propre terrain? L'Europe n'a pas plus le droit de régenter l'Amérique, qu'elle n'avait eu celui de la conquérir à son profit. Si l'Amérique eût égalé l'Europe en force, sa conquête n'aurait pas eu lieu : eh bien! la force existe aujourd'hui en Amérique, et la régence européene n'y aura plus lieu.

L'Europe se conduit comme si elle était la souveraine de l'Amérique: elle pourrait se dire être celle du monde; mais l'Amérique a dans sa main, et l'aura toujours, une arme puissante qui lui donne de grands avantages sur quiconque la blessera; c'est sa richesse. Elle ne l'ignore pas, non plus qu'elle est considérée comme un objet de profit; par conséquent, s'ouvrir ou se fermer, est pour elle

un moyen certain de se faire considérer. Une partie de sa politique est renfermée dans ces deux mots : il y aura richesse et prospérité suivant que j'admettrai ou que je repousserai. Il lui appartient de tenir ce langage; elle n'a pas besoin d'autres armes contre ceux qui voudraient la blesser; bientôt le désir de participer à sa richesse les ramènera vers elle. En partant de ce principe, qui est certain, on voit qu'il est au pouvoir de l'Amérique d'attacher cette participation à son lucre, à la condition de la reconnaissance de sa nouvelle existence, et de la mesurer sur les degrés de l'empressement que l'on lui montrera. Ce moyen est puisé dans le droit; il tient de la nature de la peine du talion, qui permet à chacun d'user des moyens de punition correspondans à l'injure qu'il reçoit.

L'effet de cette défensive d'un ordre nouveau retomberait particulièrement sur la France, seconde puissance maritime et commerciale ses alliés du Nord et du Midi n'auraient pas à en éprouver des conséquences aussi directes, car leur commerce et leur marine sont inférieurs au commerce et à la marine de la France. Cette inégalité dans les effets de l'alliance prouve le vice de sa formation première, et devrait suffire pour avertir la France de sa véritable position, et de son poste véritable.

Il n'y a jamais d'intérêt bien entendu dans ce qui peut irriter: les retards de la reconnaissance de l'Amérique ne sont propres qu'à l'irriter, ils ne peuvent plus avoir que cet effet; car l'Europe ne peut plus agir sur le fond même des choses américaines; de plus, les mêmes retards sont des principes d'irritation dans l'intérieur de l'Europe. Ses intérêts intérieurs et extérieurs doivent donc la porter à mettre un terme, par une pleine et entiére reconnaissance de l'Amérique, aux inconvéniens graves et nombreux que renferme la dilation de cette reconnaissance.

ADDRESSED TO

CAPTAINS OF THE ROYAL NAVY,

AND THOSE OF THE

MERCHANTS' SERVICE;

ON THE

MEANS OF PRESERVING

THE HEALTH OF THEIR CREWS:

WITH

DIRECTIONS FOR THE PREVENTION OF

DRY ROT IN SHIPS.

BY ROBERT FINLAYSON, M. D.

MEMBER OF THE ROYAL COLLEGE OF SURGEONS OF LONDON, AND SURGEON IN THE ROYAL NAVY.

[blocks in formation]
« PreviousContinue »