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de Saint-Silvestre à Rome, quatre sujets de l'Ancien Testament, David, Salomon, Esther et Judith, gravés dans ce Musée sous les nos 56, 80, 100 et 109.

A la mort du pape, en 1623, Zampieri perdit ses emplois et accepta d'aller à Naples pour peindre la chapelle du Trésor dans l'église de Saint-Janvier. Il avait quitté Rome en 1629, mais à peine arrivé, il fut abreuvé de tribulations, d'inquiétudes et de chagrins, qui le forcèrent à fuir sans avoir fini. Dominiquin vint reprendre ses travaux; mais il mourut en 1641, sans avoir terminé ce grand ouvrage, que ses ennemis firent abattre, et qui fut recommencé par Lanfranc.

Plein de modestie, d'un caractère doux, ne disant de mal de personne, le mérite de Dominiquin paraît être la seule cause qui lui attira des ennemis partout où il travailla. Il fut cepen dant honoré dès le moment de sa mort. L'Académie de SaintLuc à Rome lui fit faire un service solemnel, dans lequel Passeri prononça son oraison funèbre. Depuis, la postérité n'a cessé d'honorer sa mémoire et d'admirer ses tableaux.

Ce peintre avait coutume de travailler seul, et de tout étudier d'après nature; il réussit également bien dans l'histoire et le paysage. Ses tableaux à l'huile sont fort recherchés, quoiqu'on leur ait quelquefois reproché une touche un peu lourde; ses fresques sont beaucoup plus estimées.

On remarque dans les compositions de Zampieri une ordonnance pleine de noblesse, un dessin correct, une couleur vigoureuse et vraie; mais ce qui le rend encore plus admirable, c'est l'expression qu'il sut donner à toutes ses figures. Poussin disait que depuis Raphaël aucun artiste n'avait mieux entendu la peinture, que ses sujets étaient bien pensés, bien raisonnés, et qu'il ne manquait en rien aux convenances.

Ses compositions passent le nombre de 140; elles ont été gravées par Gérard Audran, Fr. Poilly, Van den Audenaerde, Dorigny, Frey, Cunégo, etc.

NOTICE

HISTORIQUE ET CRITIQUE

SUR

ANNE-LOUIS GIRODET.

Parmi les nombreux élèves de David, trois peintres avaient été remarqués d'autant plus, que tous trois avaient une manière différente, et qu'il était difficile de déterminer à laquelle on devait donner la préférence. Gros, Gérard et Girodet semblaient former un triumvirat, et dès que le public s'empressait d'offrir une palme à l'un d'eux, on voyait les deux autres présenter de nouveaux motifs pour la mériter également. Mais la mort vint rompre ce groupe de trois artistes qui auraient pu long-temps encore contribuer à l'ornement des expositions publiques, et la réputation de celui qui venait de disparaître de la scène du monde sembla tout d'un coup s'agrandir, sans pourtant rien diminuer de celle de ses deux émules.

Anne-Louis Girodet de Roussy naquit à Montargis le 5 janvier 1767. Dès son jeune âge, il montra d'heureuses dispositions pour les études et un goût très vif pour le dessin. Ses parens avaient d'abord eu l'intention de faire étudier l'architecture à leur fils, ils eurent ensuite le projet ne lui faire suivre la carrière militaire; mais David, voyant un des dessins de Girodet, dit à sa mère : «Vous aurez beau faire, madame, votre fils sera peintre. » L'opinion de ce maitre était sans doute de nature à ébranler la résolution des parens de Girodet; aussi se déterminèrent-ils à le placer dans l'école de David.

C'est en 1789 que Girodet remporta le grand prix, dont le sujet était Joseph reconnu par ses frères; l'année d'avant il avait obtenu le second prix. Notre jeune artiste partit bientôt pour Rome, c'est là qu'il exécuta deux de ses tableaux, le Sommeil d'Endymion, et Hippocrate refusant les présens d'Artaxerce. Le premier de ces tableaux, si remarquable par le charme de la pensée, l'élévation du style, l'élégance et la pureté du dessin, eut à Rome un succès prodigieux, et depuis il a toujours conservé une place distinguée parmi les travaux de cet artiste.

Girodet se trouvait à Rome au moment où le consul de France Basseville fut assassiné par la populace, parce que, obéissant aux ordres qu'il avait reçus du gouvernement français, ce ministre voulait faire remplacer l'écu aux fleurs de lis par une allégorie relative à la république. Girodet, resté à l'Académie avec Péquignot et Lafitte, avait encore le pinceau à la main quand le peuple vint assaillir l'Académie et tout briser. Poursuivi à coups de couteau, ce ne fut pas sans peine qu'il échappa aux assassins; mais pourtant il parvint jusqu'à Naples, où il se mit à étudier le paysage.

Les événemens politiques ne permettant pas aux Français de rester encore dans cette partie de l'Italie, Girodet alla à Venise, où les monts Euganéens vinrent lui offrir de nouveaux sujets d'étude. Il était occupé à dessiner un site, lor3que des sbires vinrent l'arrêter. « Après l'avoir dépouillé, garrotté, accablé d'indignes traitemens, un de ces misérables lui demande si l'on célèbre encore des fêtes en France. - Plus que jamais, répondit Girodet; la fête de la victoire revient tous les mois. » C'était en 1794, les Français étaient sans cesse molestés; cependant, sur la demande du ministre Noël, le gouvernement de Venise ne put se refuser à punir l'outrage qu'avait reçu le jeune peintre français. Notre artiste reprit alors la route de Paris, et, à son arrivée, il fit son tableau de

SUR ANNE-LOUIS GIRODET.

III

Danaé, gravé sous le n° 143. Ce tableau ne fut payé que 600 francs: le possesseur en demande maintenant 25,000. On cite beaucoup d'exemples semblables, dans les biographies des artistes anciens, mais il est extraordinaire de voir une telle variation de prix en trente années.

Girodet fit ensuite, pour le roi d'Espagne, quatre tableaux des Saisons. Son talent, apprécié du public, le fut également du gouvernement, et en 1801 il se trouva chargé de faire un tableau pour la Malmaison. Girodet devait là se trouver en concurrence avec M. Gérard; mais, soit hasard, soit avec intention, elle devint complète, puisqu'il traita aussi un sujet ossianique. On se rappelle avec étonnement les beautés de ces deux tableaux : celui de Girodet représentait Fingal et ses descendans recevant dans leurs palais aériens les mânes des héros français. Immédiatement après, Girodet s'occupa de son grand et magnifique tableau représentant une Scène du déluge, qui parut au salon de 1806. Les Funérailles d'Atala parurent en 1808 : ce nouveau chef-d'œuvre fut généralement admiré. Enfin le tableau de Napoléon recevant les clefs de Vienne, qui fut exposé la même année, et celui de la Révolte du Caire, qui parut en 1810, vinrent compléter la série des ouvrages de Girodet, dont la gloire est principalement fondée sur ce qu'il fit pendant ces dix années. Quoique les prix décennaux fondés en 1804 n'aient pas été donnés en 1810, ainsi que cela devait être, Girodet n'en eut pas moins la gloire de voir son tableau du Déluge désigné par le jury comme digne du grand prix : cette distinction lui parut d'autant plus glorieuse, que parmi les autres ouvrages présentés au concours, on remarquait le tableau des Sabines, par David son maître.

La santé de Girodet s'affaiblissait considérablement, et il en éprouvait d'autant plus de chagrin, qu'il avait ressenti que le travail assidu lui était contraire aussi se vit-il obligé de ne plus s'occuper de grands ouvrages; mais son imagination n'en

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continua pas moins de travailler, et c'est alors qu'il fit cette innombrable quantité de dessins, dont il avait puisé les idées dans les ouvrages d'Anacréon, de Virgile, de Sapho, d'Ossian, et des autres poètes, dont la lecture faisait ses délices.

Les travaux de Girodet parurent cependant encore au salon de 1824, où on vit les portraits en pied de Cathelineau et du général Bonchamps; mais avant que l'exposition fût terminée, Girodet n'existait plus. Sentant sa fin approcher, il éprouva sans doute de vifs regrets de ne pouvoir exécuter tout ce que son âge lui permettait encore de faire. Surmontant le mal qui l'accablait, il sort de son lit, soutenu par sa seule domestique, et monte à son atelier: il promène ses regards mourans sur des travaux qu'il n'achèvera pas; il considère dans un morne silence et pour la dernière fois les lieux témoins de tant de veilles, de tant d'études; mais ne pouvant soutenir une situation si pénible, il se retire lentement, puis, se retournant sur le seuil de la porte : « Adieu, dit-il d'une voix éteinte; adieu, je ne vous reverrai plus. »

Les élèves de toutes les écoles se réunirent aux siens pour lui rendre les derniers hommages: ses dépouilles mortelles furent accompagnées de tout ce que Paris renfermait de plus distingué et de plus recommandable.

Un monument lui fut élevé au cimetière de l'Est, sur les dessins de son ami, M. Percier, et le buste dont il est orné a été exécuté par M. Desprez. M. P. A. Coupin a publié en 2 volumes in-80 les OEuvres littéraires de Girodet; il a mis ainsi le public à même de juger des talens de notre peintre pour la poésie, et surtout des conseils qu'il sait donner relativement à l'art de peindre. Ce recueil est précédé d'une notice du plus haut intérêt, écrite par M. Coupin, sur la vie et les ouvrages de Girodet.

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